samedi 6 octobre 2012

Universités françaises, le pire est à venir !

J'ai un peu délaissé mon blog depuis le 20 août, car la rentrée est mouvementée. En pleine période budgétaire et le début du dialogue de gestion, je me suis concentré sur mes activités pour lesquelles je suis rémunéré. Néanmoins, l'actualité laisse une bonne part dans la presse écrite mais aussi audiovisuelle de l'état de la recherche mais aussi de l'enseignement. Je vous invite à aller voir le site des Assises de la Recherche http://www.assises-esr.fr/ qui ont débuté en juillet et qui se termineront fin novembre 2012.
Depuis fin août, la ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche, Geneviève Fioraso multiplie les interviews dans la presse http://www.genevieve-fioraso.com/category/presse. 
C'est l'un des ministères qui n'a pas été touché par la politique de rigueur du gouvernement. 
Néanmoins, en tant que Directeur Financier d'un grand établissement comme Grenoble INP, je reste vigilant sur l'équilibre budgétaire de celui-ci.
J'ai déjà écrit dans différents billets la difficulté des universités à maîtriser leur masse salariale, les entraînant dans des situations plus que difficiles. Les RCE (Responsabilités et Compétences Elargies) ont bien été un leurre sur ce point. En effet, en donnant l'autonomie aux universités, le gouvernement précédent n'a pas mesuré tous les impacts du choix de laisser les établissements jouer les apprentis sorciers sur leurs effectifs et les incidences sur la masse salariale. Peu de responsables financiers ne maîtrisaient les sous-jacents de celle-ci. Si l'état s'était engagé à payer les fonctionnaires qui étaient dans la photographie de l'existant avant les RCE (que l'on appelle le socle) et de l'augmentation des cotisations patronales, il ne s'était pas engagé à prendre en charge le GVT (Glissement Vieillesse Technicité), pensant que celui-ci serait négatif avec le départ en inactivité des fonctionnaires. Seulement, dans le même temps, il rallongeait le temps de présence de la vie active des mêmes fonctionnaires. De ce fait, ils décalent tous leur départ à la retraite. Les GVT approchant les 2%/3%, il n'est plus possible pour les universités de faire face à leur engagement. 
Car le budget de la masse salariale représente, rappelons-le, 75% voire 80% du budget global d'un établissement de l'enseignement supérieur. 
La plupart des universités ont été tentées, d'embaucher des CDD et CDI pour leur permettre d'acquérir les compétences nécessaires à la gestion moderne à l'instar de ce que l'on retrouve dans le privé. Mais cette masse salariale n'est évidemment pas prise en charge par l'Etat. Les établissements devant la financer par leurs ressources propres. 
Si dans un premier temps, la dynamique a été vraiment réelle, il est aujourd'hui difficile à ces mêmes universités de trouver des financements autres qui leur permettraient de financer ces nouveaux emplois, qui ont aussi leur GVT et augmentations des cotisations patronales non couvertes. 
Ce n'est pas les droits d'inscription qui peuvent couvrir ces nouvelles charges, ni la taxe d'apprentissage sur laquelle, je le rappelle est assise sur la masse salariale des entreprises qui la verse, qui elles-mêmes subissent la crise, et qui voient une baisse de cette assiette de calcul. Taxe d'apprentissage dont la régionalisation est défavorable aussi aux établissements. 
Il reste le financement des projets de recherche ou de formation. Mais là encore, un des principes est de financer souvent des investissements et non des dépenses d'exploitation. 
Le modèle économique ne tourne plus. 
Alors des choix sont faits comme le gel des postes, le non renouvellement des CDD, licenciement de certains CDI (je vous laisse imaginer le choc culturel) mais ceux-ci sont parfois antinomiques avec les missions de formation et de recherche des universités. 
La vraie bombe à venir est la gestion du patrimoine. Mais je développerai ce point dans un autre billet.

Sans changement majeur dans les années à venir voire dès 2013, la France ne pourra plus garder son 5ème rang des acteurs économiques mondiaux. En effet, le rôle de l'enseignement et de la recherche est un vecteur majeur du développement industriel et culturel d'un pays. 
Alors oui, l'ensemble des universités est sous tension et la période budgétaire commencée début septembre est tendue. 
Mais c'est une autre histoire...

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