Je suis souvent sollicité en tant que directeur financier à venir témoigner de mon métier lors de manifestation auprès d'étudiants en écoles de commerce ou en master finance et audit. Je me prête facilement au jeu car je me dis que c'est un moyen pour moi de rendre service dans la mesure du possible à ceux qui m'invitent. Et aussi quelque part à remercier "la bonne étoile" qui m'a donné une seconde chance.
L'année dernière c'est Grenoble École de Management qui m'a invité pour une sorte de speed dating où j'ai rencontré des étudiants qui s'intéressaient à la filière finance. Puis en début d'année, j'ai été invité par l'IAE de Grenoble pour parler du métier de contrôleur de gestion.
Beaucoup de questions tournent autour des métiers, de leur contenu, puis on vient naturellement à parler de la voix "royale" à prendre pour être un jour directeur financier.
J'ai naturellement mon avis sur la question mais j'en profite pour leur dire qu'en fait, peu importe s'ils font telles ou telles filières. Le plus important est qu'ils prennent du plaisir dans leurs études et dans leur métier. Je ne suis pas sûr qu'à vingt ans ils comprennent mes propos. Mais quand on lit autour de nous tout ce qui s'écrit sur le travail et son mal être, nous sommes en droit de nous interroger. Je conseille de lire le blog de Stéphane Loiret et son dernier billet :
http://stephaneloiret.wordpress.com/2013/08/04/le-travail-rend-il-malheureux/
Pour appuyer mes propos je raconte de temps en temps mon parcours atypique.
Pour des raisons diverses, je préférais l'école buissonnière plutôt que de suivre les cours de seconde littéraire où je m'étais trouvé par défaut. Bon en math, je m'imaginais réorienter vers une première "D". Mais les rêves ont une fin et j'ai eu droit à une seule proposition de réorientation ... vers un BEP. Je ne vous cache pas que mon égo a pris une sacré claque ce jour là.
J'ai choisi la comptabilité un peu par défaut et aussi pour le goût des chiffres. Et cette voie fût une révélation. J'ai même réintégré une première G2 sans passer par une première d'adaptation. Bac en poche avec mention, j'intégrais le fameux BTS de comptabilité et de gestion de Marcel Gonthier, qui avait une excellente réputation. Puis ce fût la voie de l'expertise comptable. Parcours devenant alors classique. À ceci près que je travaillais quand j'ai obtenu mon DECF. Et que je décidais contre toute attente de faire une école de commerce à 33 ans. Mon parcours à GEM fait partie de mes meilleurs souvenirs d'étudiants. Avec ce bagage, j'ai pu gravir les échelons du groupe EDF plus rapidement qu'un jeune cadre. Trop vite diront certain. Mais le goût des études encore là, j'ai fait mon MBA dans la plus prestigieuse université de gestion qui est Dauphine. C'est ma meilleure expérience d'étudiant. À la sortie, je décrochais mon premier job de directeur financier.
Alors oui, je crois à la seconde chance. J'étais en échec scolaire. À l'époque, je suis sûr que nombreux étaient mes professeurs, amis, famille qui me voyaient terminer voyous ou je ne sais quoi. Mais certainement pas directeur financier à 46 ans.
Bien entendu, je raconte à ces étudiants qu'on gagne du temps quand ils ont seulement une vingtaine d'année en école de commerce. Mais mon parcours atypique m'a permis d'acquérir une expérience fort riche. Je connais le terrain, je connais le Ba-Ba de la comptabilité et de la finance, des difficultés que peuvent rencontrer les collaborateurs sur le terrain. Je suis plus à même de les aider à les surmonter que de nombreux cadres. Egalement, j'ai le sens pratique du terrain, et j'identifie rapidement les marchands de rêve qui vous font croire aux vertus des applications en tout genre. Alors oui, je n'ai aucun regret d'être passé par ce parcours. Et je suis content d'avoir pu avoir une seconde chance et de l'avoir saisie. C'est ce message que j'essaye de faire passer lors de ces interviews. On peut se tromper. Mais on peut surtout rebondir et il faut y croire ! Et puis directeur financier n'est pas une finalité en soi...
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