lundi 23 juillet 2012

Le paradoxe de la grenouille

C'est l'anecdote que l'on raconte dans les business school. Mais c'est aussi le titre d'un ouvrage de Michel Debaig et Luis Maria Huete, dont le sous-titre est "rompre avec les paradigmes dominants pour créer de la valeur". 
Je vais donc citer l'introduction de ce livre, ainsi je resterai fidèle à l'histoire.
"Pour faire bouillir une grenouille, les experts disent qu'il existe deux solutions.
La première consiste à précipiter une grenouille vivante dans une casserole d'eau bouillante. L'ennui, c'est que dans ce cas le batracien va rebondir hors de la casserole, indemne. Ceci si l'on en croit les experts, car nous n'avons personnellement jamais eu le coeur de tenter l'expérience dans notre cuisine, devant nos enfants. Deuxième solution : placer la grenouille dans une casserole d'eau froide et faire chauffer lentement. Le malheureux animal se laisse cuir à petit feu."

J'ai toujours aimé cette métaphore, car elle s'applique à de nombreux cas de management. Si je l'évoque à travers ce billet, c'est parce que j'observe la situation des universités françaises, et je crois qu'elles ressemblent plus à la Grenouille du deuxième exemple qu'au premier.

Fin mai 2012, j'ai annoncé des résultats bénéficiaires pour mon établissement, mais je savais pertinemment que la situation n'était pas aussi rose que celle d'une photographie faite au 31 décembre.
Après les revues de performances réalisées lors du deuxième trimestre, j'ai eu confirmation que les RCE (Responsabilités et Compétences Elargies) avaient commencé à entamer les rentabilités des établissements universitaires. L'autonomie a un prix à payer et qui coûte un peu cher. En effet, la prise en charge par les universités de la masse salariale a été sous-estimée par l'état. Il s'avérerait qu'une vingtaine d'établissement serait déficitaire fin 2011. J'avais cité l'article 56 lors d'un dernier billet (26 novembre 2011), et en théorie, nombreuses seraient les universités à passer sous tutelle rectorale, mais des instructions ont été données pour éviter cet état de fait. Un travail a été réalisé par le comité des pairs pour trouver les raisons de ces difficultés financières, en lien avec le recteur, mais aussi le Directeur Régional des Finances Publiques. En conclusion, à ce jour, aucune ne passera sous tutelle.

C'est pourquoi, depuis début juin, et en Conseil d'Administration du 5 juillet, j'ai préféré plonger ma grenouille dans l'eau bouillante pour la faire réagir. Et dire ainsi que l'établissement devait être vigilant sur le pilotage de la masse salariale, mais aussi sur les autres charges d'exploitation.

Je reviendrais certainement sur les raisons pour lesquelles les universités ne s'en sortent pas dans un prochain billet.
Néanmoins, mon propos d'aujourd'hui est de dire que les universités vont devoir changer de paradigme, et adapter les méthodes financières des entreprises privées pour les appliquer en leur sein,  et aussi de savoir utiliser les techniques d'optimisation des fonctions financières (CSP, externalisation, dématérialisation, etc.). Egalement, je pense qu'il faudra aussi travailler prochainement sur le lean management. 

Déjà après mon intervention en Conseil d'Administration, le résultat ne s'est pas fait attendre, et je commence à apercevoir un léger changement dans l'attitude des acteurs. Le  paradigme dans lequel était plongé notre établissement est en train de bouger et je vois déjà les quelques pistes qui nous permettrons de nous en sortir. 
Comme quoi, ce paradoxe de la grenouille est toujours d'actualité.

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